Ngoussa est une petite oasis (ksar) d’Algérie située à une vingtaine de km au nord de Ouargla*, chef-lieu de la wilaya du même nom. Ngoussa a actuellement statut de commune. Elle était jadis sur l’axe caravanier Touggourt-Ouargla, l’un des principaux points de départ vers le grand désert et l’Afrique sahélienne. L’économie traditionnelle reposait sur la palmeraie, la culture des céréales (blé, orge, sorgho, petit mil) et le commercer caravanier.
Les statistiques officielles algériennes donnaient 1.700 habitant en 1966 ; 13.344 en 2002 ; la population actuelle doit légèrement dépasser les 20.000 habitants.
Le peuplement local est berbérophone et utilise une variété de berbère, təggəngusit, très proche de celle Ouargla. Pour Jean Delheure (1988, Introduction), principale référence pour le berbère de cette région : « Le berbère de Ouargla [...] et celui de Ngoussa [...] ne font qu’un malgré quelques minimes particularités. ». Ces parlers sont, depuis longtemps (Basset 1893), considérés comme « zénètes » et, de fait, l’on y retrouve de nombreux traits linguistiques communs à l’ensemble des parlers berbères – souvent résiduels - de l’aire d’extension des Zénètes* médiévaux (Mzab*, sud-oranais, Oranie*, Est marocain...).
Selon l’enquête, déjà ancienne, d’Alain Romey (1974), l’usage du berbère y est très vivace. Mais Delheure (ibid.) précise : « La plupart des berbérophones de Ouargla et de Ngoussa, surtout les hommes, sont bilingues, parlant aussi l’arabe dialectal saharien central » ; configuration sociolinguistique ancienne, qui se comprend fort bien vu l’environnement nomade nord-saharien à dominante arabophone et le statut d’étape caravanière de Ngoussa et Ouargla. La sédentarisation quasi totale des nomades de la région (Sa’id ‘Atba, Mekhadma, Chaanba...), tous arabophones, y a certainement renforcé le poids et l’usage de la langue arabe. De même que la proximité de Ouargla, devenue depuis le début des années 1960 capitale algérienne des hydrocarbures et une grande ville cosmopolite.
L’ibadisme fut bien implanté à Ngoussa, comme dans toute la région : vers 911, Ya’qûb, dernier souverain Rostémide, fonda Sedrata à 10 km au sud d’Ouargla. L’ibadisme y recula rapidement à partir du XIIe siècle et a maintenant disparu. L’histoire de Ngoussa ne peut être dissociée de celle des groupes nomades, berbères zénètes, puis arabes et arabisés, de la région, et de celle de Ouargla avec laquelle elle est étroitement imbriquée. Elle en a souvent été un satellite ; parfois aussi, un concurrent sérieux, notamment sous le long règne des chioukhs/sultans Babia, qui imposèrent, aux XVIIe-XIXe siècles, la suprématie de Ngoussa sur Ouargla, en s’appuyant sur des alliances avec les tribus arabes nomades (Sa’id ‘Atba) de la région et/ou le soutien du Dey d’Alger.
On trouvera quelques textes berbères de Ngoussa dans René Basset (1893), Biarnay (1908), Delheure (1988 et 1989) mais surtout dans Romey (1992/1974).
La forme berbère primitive du nom était très probablement (nom masc. plur.) : Ngusən (ou Ingusən).
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